Loisirs

Virginie CAVALIER et Marie-Cécile MARQUES

Rencontre artistique

Proposé par Pollen.


Pollen propose à tous, passionnés et profanes de l’art contemporain, des rencontres avec les artistes accueillies dans ses ateliers-résidences. Elles se posent en prétexte à des échanges conviviaux et directs avec les artistes.
Virginie Cavalier
Vit et travaille à Tarbes.
« Confrontant l’animé et l’inerte, je questionne le rapport à l’animal. Fixant le sentiment d’appartenance à la communauté du vivant, je ritualise par le biais de tentatives d’animalisation et d’humanisation. La faune, révélatrice d’un héritage, m’amène à façonner des hybrides, un glissement, à partir d’un processus de collecte, de soin et d’associations. Évoquant le cabinet de curiosités, le chamanisme ou la sorcellerie, j’aborde la culture animiste, où les êtres assurent leur juste place dans l’environnement. Je traque « restes », « trophées », dépouilles délaissées et une fois nettoyées pour certaines, les traite pour leur conservation. Je les trouve en chinant, dans des élevages de petits producteurs, lors de marches en montagne, où ils étaient livrés à la putréfaction. Ce processus de collecte définit l’éthique de ma pratique. Lorsqu’ils tuaient un animal, les Amérindiens se devaient d’utiliser un maximum des parties de celui-ci. Sa mort devait avoir un sens. Les divinités recevaient les ossements en offrande, en échange de quoi, les hommes étaient autorisés à pratiquer la chasse. Cela, en contraste au mode de vie contemporain, plus en demande de produits carnés, engendrant d’importantes productions de viande. En sortant les dépouilles de leur contexte, à travers l’accumulation, le détournement, la valorisation, un trophée de chasse se met au service de questionnements et tend à rendre le sujet plus palpable.Le fondement de cette recherche entre instrumentalisme et estime se trouve dans mes souvenirs. Je me suis considérée proie, fragilisée par des actes violents. Parfois, par l’usage de l’humour noir, me basant sur des sujets tabous, je lie dégoût et amusement. L’utilisation de la mort à travers la déviation, l’humour, la désacralisation, le fantasme, rend possible l’assimilation, le phénomène de catharsis. D’une part, je crée des rites de transpositions culturelles, funéraires, comportementales, de l’humain vers l’animal et réciproquement. D’une autre, je tente de réparer le corps, j’utilise des parties provenant de différentes espèces, je les ré-assemble, les mixe. Des hybridations qui sont plus proches de l’idée générique que l’on se fait du mot «animal» que de la réalité d’un être vivant. La recherche de sens consécutifs à l’altération de notre patrimoine naturel, me pousse aujourd’hui vers une approche de poétisation, ébauche du caractère insaisissable du monde sauvage.»

Virginie Cavalier
Marie-Cécile Marquès
Vit et travaille à Arcueil

« En développant ces petits théâtres, ces mises en scènes emprunt à la fois d’humour et de dramaturgie, j’amène le spectateur à naviguer dans le brouillard d’un monde où l’interface Photoshop, l’écran de notre smartphone impose l’artificiel et le factice. Réalité et fiction se confondent, le rêve côtoie le cauchemar, la douceur celle de la violence pour créer une fable intime de notre société.De ces sculptures informels faites d’artefacts (du monde de l’enfance) imprégnés de symbolique, ces ‘peinto-sculpture’ comme je les nomme, illustre les psychologies complexes qui hantent la culture capitaliste, ses désirs et ses illusions et ambitionne d’être un miroir de notre société. On est là, en présence d’écarts, de jeux autour des images, de test permanent
de ses limites : passage du volume 3D à la 2D, application de filtres numériques, hybridation d’objets jusqu’au plâtre qui peints la surface de l’objet. La reproduction n’existe pas, la transition numérique opère là où la peinture et la sculpture détiendront le même statut, celui de l’image.»

Marie-Cécile Marquès