L’Europe au XVIIIe siècle – Le temps des néoclassicismes
Conférence Arimage
Avec Adrien Enfedaque, conservateur du musée, dans le cadre d’un cycle de conférences consacré à l’histoire de l’art portant sur le XVIIIe siècle en Europe.
En décembre 1754, le graveur Claude-Nicolas Cochin (1715-1790) publia dans le Mercure de France sa célèbre « Supplique aux orfèvres » dans laquelle il pourfendit les excès de la « chicorée rocaille » et promut le retour à des formes et à des ornements plus réguliers. Il se faisait ainsi le porte-parole d’un groupe d’amateurs et de théoriciens français appelant de leurs vœux la régénération des arts plastiques à travers l’étude des grands maîtres classiques, de l’architecture antique et des chantiers louis-quatorziens. Les premières fouilles du site d’Herculanum en 1738, suivies de la découverte de Pompéi, constituèrent une des premières sources archéologiques de ce renouveau, déjà à l’œuvre en Angleterre depuis le XVIIe siècle.
Ce retour à l’antique devint le dénominateur commun de la création artistique européenne de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et, plus particulièrement, en France, en Italie et dans l’Europe du nord. Cette inflexion du goût se colora de nuances variées, de l’austérité du dorique sans base à une antiquité fleurie, chargée de guirlandes et de rubans, des compositions austères de Jacques-Louis David (1745-1828) aux portraits idéalisés d’Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun (1755-1842), aux groupes marmoréens de Canova (1757-1822) aux groupes anacréontiques en terre cuite de Clodion (1738-1814).
Les sources d’inspiration se juxtaposèrent, des reprises des temples siciliens de Paestum aux turqueries peintes dans les boudoirs. Cette éclosion, à facettes multiples, devait préparer la voie au style du Premier Empire.