L’art dans les Flandres au Siècle d’or : de Rubens à Rembrandt
Conférence Arimage
Par Adrien Enfedaque, conservateur du musée d’Agen.
Berceau au XVe siècle d’une autre forme de Renaissance, ancrée dans l’observation minutieuse de la nature, et à l’initiative de l’apparition de nouveaux genres en peinture, les Flandres attirent et influencent les artistes de toute l’Europe, à l’instar de la péninsule italienne. Traversé par les conflits religieux, en proie à des soulèvements à partir du nord, le territoire, rattaché à la couronne espagnole, se divise avec la constitution de la république des Provinces-Unies, reconnue définitivement en 1648 avec le traité de Münster. Pays-Bas du sud (l’équivalent de la Belgique actuelle) et du nord (notre Hollande) développent chacun des singularités culturelles et une conception différente de l’œuvre d’art, connaissant au XVIIe siècle alors leur âge d’or.
Comptant certains des centres les plus actifs de la Contre-réforme (Bruxelles, Anvers), les Flandres favorisent un art sensible et démonstratif, dont le héraut, Paul-Pierre Rubens, est reconnu de son vivant dans toutes les cours d’Europe. Avec l’accalmie qui succède aux troubles du XVIe siècle, surgit une profusion d’images de la joie de vivre qui caractérisera pour longtemps l’art flamand de l’époque. Le terrain est propice à l’éclosion du baroque sous l’impulsion du clergé. Profitant surtout de leurs avantages maritimes, les Provinces Unies s’assurent une puissance économique qui concurrence les empires coloniaux espagnol, portugais et anglais, adossée à l’essor des banques et d’une extraordinaire activité universitaire. Elles opposent à Rubens l’art introspectif de Rembrandt, autour duquel gravite une pléiade d’artistes de génie, qui vont mener joyeusement une révolution de la peinture et dont certaines productions marquent encore durablement les esprits, telles les œuvres, récemment redécouvertes, de Vermeer.