D E R I V E S

Se faire un thé. Reprendre, reposer, recommencer. Changer de place, baisser la main, lever la main. Gommer, raturer, racler, déchirer. Et puis, jeter. Jeter encore. Maudire la terre entière. Retourner se faire un thé.

C’est ça, l’ossature invisible, la respiration cyclique de la création. Ces gestes infinis, qui s’enchevêtrent et se heurtent, avec un entêtement féroce. Je n’ai jamais su quand cela a commencé, ni ce qui donne au tout cette étrange alchimie.

Cela prend forme et pourtant, chaque fois, la naissance est différente. Parfois, elle surgit avec violence, comme aux forceps ; d’autres fois, elle s’écoule naturellement, presque sans effort.